La poésie du mois

Chaque mois, nous sélectionnons une poésie pour vous inviter à (re)découvrir un poète ou un recueil de poésies, disponible au prêt sur la grille des nouveautés.

2016 :


2015 :


VICTOIRE DU MONDE

Que déjà je me lève en ce matin d'été
Sans regretter longtemps la nuit et le repos.

Que déjà je me lève
Et que j'aie dette envie d'eau froide
Pour ma nuque et pour mon visage.

Que je regarde avec envie
L'abeille en grand travail
Et que je la comprenne.

Que déjà je me lève et voie le buis,
Qui probablement travaille autant que l'abeille.
Et que j'en sois content.

Que je me sois levé au-devant de la lumière
Et que je sache : la journée est à ouvrir.

Déjà, c'est victoire.

Guillevic








2014 :








Je dis aime 
J’ai les méninges nomades
J’ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade


Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette


Je dis AIME , AIME, AIME


Du Sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du cœur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine


Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette


Je dis AIME, AIME, AIME
Andrée Chédid



SUR LA PELOUSE DU PARC 
Avec des gaucheries d’oiseau
Qui aurait des ailes trop grandes
Et tomberait tantôt à gauche
Tantôt à droite en essayant
De quitter l’herbe où il balance,
Un petit enfant marche
Sur la pelouse du parc.
Un petit chien blanc tourne autour,
Agile comme un ange
Qui voudrait bien l’aider.
Mais il ne sait comment s’y prendre.
Tous les marronniers de l’allée
Avec leurs grands yeux de soleil
Regardent comme émerveillés
L’enfant qui voudrait s’envoler
Et dont, seule, la robe blanche
Gonflée par le grand vent
A l’air de monter vers les branches.
Maurice Carême


Tout ce que j'entends
c'est venu à moi en rêve
une petite main saisissait la mienne
et ne voulait pas la lâcher
une main loin de toute haine
au tendre noyau de l'humain
pauvre humain pauvre mendiant
mon frère de sommeil
fils de la nuit
lui qu'un vent glacé
a mis dehors
il retourne la peau de mon cœur
j'essaie bien de comprendre
mais tout ce que j'entends
c'est un enfant
face au vent
et qui pleure
Agneta Falk


           Gibraltar
Ceux-là ne vont pas à la mer
pour la mer
pas pour nouer leurs rires
à la gerbe des vagues
pas pour cuire leur sommeil
sur le sable
ils sont devant la mer
debout sous la nuit sans étoiles
Comme devant l'abîme
derrière eux la terre qu'ils aiment
harassée
dépourvue
où il n'y a de choix
qu'entre la mort et la mort
devant eux rien la mer immense
un abîme à franchir
comme on doit bien franchir le désespoir
ils savent que leur barque
est plus fragile qu'un rêve
ils savent
que là-bas peut-être à l'autre bout du vide
la mer recrachera leur corps
sur le sable froid
ils savent
debout devant la mer
Jean-Pierre Siméon



L'oeil du poète
dans l'oeil du poète
la vie s'allonge
la vie s'agite
le sang hurle
et l'injustice cache son visage
dans l'oeil du poète
il y a des vols majestueux
une rumeur de cascades
des morceaux de quotidien
et des rêves qui traversent des montagnes
dans l'oeil du poète
il y a toujours un lendemain
un souffle nouveau
poignant et fragile
mais permanent
dans l'oeil du poète
la vie ne fait pas silence
                      Marô Barbieri
Traduit par Maria Mendes Ferreira Baseilhac

                                          et Françoise Duprat






 Poésie de Michel Besnier  issue du recueil "Mon KdI n'est pas un KDO" : 

















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